Sécurité machine : démarche d'appréciation et de réduction des risques
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- Nom de l'entreprise : LAUTIER
- Domaine d'activité : Métallurgie
- Activité : Fabrication de machines spéciales
- Localisation : ANNESSE-ET-BEAULIEU (Dordogne)
En préambule du projet, un fabricant de charpente métallique adresse à la Carsat Aquitaine une demande d'aide financière pour l'acquisition d'un équipement de travail. Son souhait ? Se doter d'une machine spéciale permettant de manipuler des barres et profilés métalliques de grandes dimensions ; la finalité étant de réduire les risques et les contraintes physiques des soudeurs intervenant sur ces pièces.
Précisément, ces opérations de soudage consistent à assembler différentes pièces métalliques (renforts, platines...) sur les profilés, pour constituer un élément de charpente. Et les cordons de soudage devant être réaliser à l'horizontal, l'opérateur doit tourner la barre de 90° ou 180° à plusieurs reprises en fonction de la pièce à assembler.
Or, pour être manipulées, ces lourdes pièces, de grande dimension, nécessitent l'utilisation d'un pont roulant ou, à défaut, le renfort d'un 2ème opérateur. Plusieurs contraintes et risques s'exercent alors dans l'environnement du poste de travail :
- Des risques de chute de la barre liés à un élingage défaillant.
- L'indisponibilité du pont roulant, aussi utilisé sur d'autres postes de travail.
- Le bruit lié à l'impact (chute) de la barre sur les tréteaux lors de la libération de l'élingage.
La machine envisagée doit ainsi permettre le retournement de 90° de la barre directement sur les tréteaux, à l'aide de bras basculants. Le soudeur réalise cette opération en autonomie, sans s'exposer aux risques liés à la manutention via un appareil de levage, libéré également des contraintes liées à la disponibilité du pont.
Grâce à une commande bimanuelle déportée, il contrôle le basculement de la barre à distance de la zone de retournement et des risques liés à cette opération (mouvements des bras et de la pièce métallique). Le relâchement d'un des organes de commande pendant le mouvement provoque l'arrêt immédiat de la machine.
Participation de la CARSAT
Malgré la simplicité (apparente) de la machine, l'observation par la CARSAT du prototype de la machine en test chez le futur utilisateur a soulevé quelques interrogations :
- Que se passe-t-il en cas de défaillance d'un des organes de service (blocage accidentel ou volontaire, usure...) ou collage du contacteur moteur du groupe hydraulique... ?
- Comment est assurée la gestion de la fonction de sécurité ?
Les échanges avec le constructeur de la machine et les documents fournis ont permis de confirmer que la conception de la solution technique "commande bimanuelle" ne permettait pas de garantir la fonction de sécurité en cas de défaillance d'un élément du circuit.
La CARSAT Aquitaine, avec l'aide de l'INRS, a alors proposé un accompagnement au constructeur pour réaliser la démarche d'appréciation et de réduction des risques afin de définir les évolutions nécessaires au choix des protecteurs et dispositifs de sécurité et répondre ainsi aux objectifs définis par la Directive Machines 2006/42/CE.
Une machine d'apparence simple à utiliser n'est pourtant pas sans risque. Sa conception est un processus qui répond à des besoins et des impératifs d'utilisation, techniques, économiques mais aussi et surtout de sécurité.
Cette démarche, essentielle, doit s'appréhender avec méthode. Car, en ligne de mire de ce processus, c'est de la sécurité de l'utilisateur dont il s'agit.
"La simplicité n'est pas une garantie de sécurité". Cette phrase de Jean-Paul Bello a valeur d'aphorisme. L'analyse des risques est une phase incontournable dans la conception d'une machine. Et ce projet en est une illustration parlante.
Grâce à la bonne volonté du constructeur, sur un projet pourtant bien avancé, cette collaboration a permis d'engager une réflexion globale sur la sécurisation de la machine.
Avec le concours et l'expertise de l'INRS et de la Carsat Aquitaine, ce travail fut éducatif : le constructeur a parfait ses compétences et sa culture du risque machine en s'appropriant une méthodologie et des outils d'analyse.
Cet accompagnement a également permis d'améliorer la notice d'instruction et de sécuriser le circuit de commande de l'appareil. L'opérateur dispose désormais d'une machine conforme aux critères de sécurité de la directive Machines.
A ces bénéfices immédiats, s'ajoutent des effets vertueux à plus long terme : le constructeur pourra mettre à profit cette expérience et son approche nouvelle des risques dans ses futurs projets de conception de machine.
Le détail de la démarche est développé et illustré dans les rubriques accessibles depuis le sommaire (à gauche de l’écran).
Témoignages
Prendre en compte le risque dès la phase de conception de la machine.
À l'origine du projet, il y a la demande d'un client, un atelier de charpente métallique, souhaitant se doter d'une machine pour manipuler et travailler des barres et des profilés de grandes dimensions. Cet équipement est destiné à faciliter le travail d'un opérateur devant retourner à 90° chaque pièce pour réaliser des cordons de soudage.
À la suite d'une démonstration dans une entreprise utilisatrice, la CARSAT Aquitaine nous a fait part de quelques interrogations sur la gestion des fonctions de sécurité et nous a proposé un accompagnement pour réétudier la démarche d'évaluation et de réduction des risques avec l'appui de l'INRS.
Les premiers échanges nous ont permis d'identifier plusieurs risques et nous avons décidé de mettre en place la démarche globale proposée en reprenant tout depuis le début.
Cette démarche a duré 6 mois, pendant lesquels nous avons entretenu des liens étroits avec Xavier Dotal, contrôleur de sécurité de la CARSAT Aquitaine et Jean-Paul Bello de l'INRS. Ce fut la phase la plus délicate à appréhender car cette approche, prévue par la Directive Machines, nous était totalement méconnue. Grâce à des échanges réguliers et l'utilisation de diverses ressources documentaires, nous avons pu prendre en compte les différents risques et mettre en œuvre des mesures de suppression ou réduction des risques dès la phase de conception de la machine.
J’ai particulièrement apprécié 2 choses : la prise en compte des contraintes économiques dans les conseils qui m'ont été donnés, et la précision et la technicité des réponses apportées.
Souvent, les questions de sécurité sur les machines peuvent faire peur ou décourager les utilisateurs et les constructeurs. Cet accompagnement nous a rassuré et mieux, il fût en totale adéquation avec les besoins des usages envisagés.
Xavier Lautier, directeur de l'entreprise LAUTIER, constructeur de machines
La simplicité n'est pas une garantie de sécurité
Quand Xavier Dotal, contrôleur de sécurité de la CARSAT Aquitaine, nous a sollicité, le projet de la machine de Monsieur Lautier était déjà bien engagé. Mais, grâce à l'implication et la bonne volonté de ce dernier, nous avons pu collaborer efficacement.
Nous avons d'abord effectué un travail d'analyse important de la documentation existante et des divers plans et schémas. Ce fut le point de départ des échanges avec l'entreprise, la CARSAT et l'INRS. Notre accompagnement a permis de revoir, entre autres, la conception du circuit de commande.
Même si la machine de Monsieur Lautier semblait a priori "simple", avec seulement la rotation de bras, un seul moteur et un pupitre de commande très simplifié (2 organes de service), les mouvements pouvaient générer des risques de coincement, cisaillement, écrasement, etc. Il a donc fallu garantir que les mouvements puissent s'arrêter même en cas de défaillance d'un élément du circuit de commande (blocage involontaire du bouton poussoir par exemple).
Dans l'idéal, nous préférons intervenir dès le stade de la conception. Mais dans ce projet, la machine étant déjà conçue, nous nous sommes concentrés à l'améliorer en suivant les principes de la démarche de conception de machine tels que prévus par la Directive Machines. Plusieurs solutions ont été proposées, et Monsieur Lautier a choisi celle qu'il jugeait la plus adaptée aux objectifs, besoins et contraintes.
Au-delà des solutions techniques apportées, notre accompagnement est éducatif. Nous nous attachons à transmettre des méthodes d'analyse et de travail afin de rendre l'entreprise la plus autonome possible sur ses prochains projets de conception de machine.
Jean-Paul Bello, expert d'assistance conseil à l'INRS
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CARSAT Aquitaine
Délégué à la Protection des Données
80 avenue de la Jallère
33053 Bordeaux Cedex
Documents
- Brochure INRS ED 6122 "Sécurité des machines – Prévention des risques mécaniques".
- Brochure INRS ED 6389 "Evaluation des risques lors de la conception de machines".
- Brochure INRS ED 6310 "Sécurité des machines – Principes de conception des circuits de commande".
- Brochure INRS NS 302 : "Aborder la norme NF EN ISO 13849-1 via la conception d'une sécurité basique".
- Brochure INRS ED 6109 : "Consignations et déconsignations".
Site utile
- Dossier Web "Risque machine" (sur le site de l'INRS).